Les vies de Baya
Jacques Koskas
Illustrations Elisabeth Boutevin
Editions Vivances (2020)
(Par Annie Forest-Abou Mansour)
Un album pour enfants.
Les vies de Baya de Jacques Koskas : après la vie réelle de Baya, la vie romanesque, la vie dans les souvenirs. Tendrement aimée par l’écrivain, Baya, la petite chienne qui a désormais rejoint les étoiles, comme le laisse deviner avec délicatesse la fin de l’ouvrage, (« Baya secoue la tête / Ses oreilles dansent / comme des ailes / Quand baya sera grande / Elle s’envolera jusqu’aux étoiles ») est devenue le sujet d’un ouvrage pour enfants. Une façon de donner à voir aux jeunes lecteurs les agissements et les charmes d’un petit compagnon à quatre pattes, mais aussi pour le narrateur une façon d’entrer en résilience, de retrouver les joies du passé vécu avec lui. L’animal de compagnie est plus qu’un animal, c’est un complice, un enfant, comme en témoignent des phrases où le petit beagle est personnifié, « Quand Baya sera grande / Elle sera danseuse ». L’animal fait partie de la vie de ses maîtres fortement attachés à lui et dans l’impossibilité de l’oublier lorsqu’il disparaît.
Baya, intensément présente
Dans le petit album proposé par les Editions Vivaces, Baya est omniprésente. Son nom, litanie du souvenir, ouvre quasiment toutes les pages de gauche où se situe le texte en police d’écriture cursive, imitation de l’écriture enfantine. Baya est croquée avec tendresse par Elisabeth Boutevin, l’épouse de l’écrivain, en dessins pleine page à droite, dans des décors à l’aquarelle très diluée. Intensément présente et vivante, elle est mise en valeur, le contour de son corps délimité en partie au crayon noir, contrastant avec son environnement tout en s’y intégrant parfaitement. Ses actions, son espièglerie, ses « bêtises », « Baya a posé ses pattes / noires de boue / sur la robe de la voisine / Baya est une grande / artiste incomprise » sont présentées avec sensibilité et humour : « Baya a déterré un pied de romarin / Quelle idée de planter un romarin / sur le quignon de pain / qu’elle a caché ! », proposant son point de vue :, « Le grand chien à lunettes exagère / C’est toujours lui qui s’assoit sur le canapé ! », expliquant ses réactions émotionnelles comme la joie l’amenant à s’oublier sur les chaussures du jardinier : « Baya a fait pipi / sur les chaussures du jardinier / Quelle émotion de le revoir ! ». Baya est perçue par le lecteur comme elle l’a été par ses maîtres : petit museau gracieux et attendrissant, yeux affectueux et intelligents, attitudes malicieuses et touchantes. L’écrivain embarque le lecteur dans la vie de Baya avec humour, tendresse et aussi poésie. L’anaphore « Baya », le refrain « Quand Baya sera grande », la mise en page et les retours à la ligne, espèce de vers libres, créent tout un rythme musical concrétisant la présence de la petite chienne, présence dupliquée par l’image redondante au texte. Chaque texte constitue une strophe, un haïku, (« Baya dort / Son ventre palpite / comme une fleur »), un quatrain : « Il fait chaud / Baya se couche / sur la terre fraîche / La truffe entre les tomates ». Cette concentration poétique du récit intensifie la présence de Baya.
Le petit fascicule, Les vies de Baya, est un lumineux et joyeux hommage rendu à un chien défunt, une belle manière de lui redonner la vie.
Lire ce petit album, c’est entrer en communion de coeur et d’âme avec Jacques Koskas, Elisabeth Boutevin et Baya.
Cet ouvrage plaira aux jeunes enfants : une douce façon pour eux de rêver, de s’informer, d’enrichir leur vocabulaire et leur imagination.
Du même auteur :
- 18 rue du parc (2014)
- La liste de Fannet (2015)
- La Fille sur le trapèze
- Sous l’ombrière du vieux port (2017)
- Des Fleurs pour Baptiste (2018)
- Histoires noires autour d’une tasse de thé (2019)
- Mortel Végétal (2020)
Chère Annie Forest,
Quelle émotion en lisant votre chronique !
Quel talent que le vôtre de dénicher ces merveilles (insoupçonnées) dans les quelques pages consacrées aux vies de Baya.
Par votre texte, vous participez à l’éternité de Baya.
Mille fois merci !
Jacques Koskas