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Rêves de convalescence

12/05/2004 | Livres | 0 commentaires

Rêves de convalescence
Naguib Mahfouz

Editions du rocher, 2004

(par Annie Forest-Abou Mansour)


reve.JPGRêves de convalescence de Naguib Mahfouz est un petit ouvrage original constitué de cinquante-cinq rêves mettant en scène, au présent et de façon concise, le narrateur et quelques personnages, («un kebadji», vendeur de chiches kébabes, des fonctionnaires, des employés, des ouvriers, sa mère, ses sœurs…), appartenant aux différentes sphères de la société égyptienne, transfigurée par le songe et l’écriture. Ces petits fragments inspirés des rêves de l’auteur et retravaillés à son réveil, appartiennent à un genre littéraire nouveau et unique. Ce sont autant de petits textes autonomes, à la forme achevée et indépendante, construits comme de véritables unités.

Dans cet univers onirique, le narrateur évolue d’une époque à l’autre, oscillant du passé au présent, d’un lieu à l’autre, allant de la mer au Caire, à Alexandrie…, suivant ou non le caractère absurde et désordonné du rêve. L’angoisse, l’inquiétude, « Je suis inquiet » est maintes fois répété, parfois l’humour, sont presque les seuls liens qui unissent ces fragments. Les registres et les genres variés vont du récit onirique simple (le sixième rêve) en passant par le merveilleux, « Je déambule au hasard (…) chaque fois que je fais un pas dans la rue, celle-ci se métamorphose en cirque » ; la parabole (le troisième rêve) au poème en prose lumineux et beau : « La lune folâtre dans l’eau et le miroitement de ses rayons scintille de mille feux. Mon âme musarde dans les recoins chargés de senteurs de jasmin et des parfums de l’amour du quartier d’Abbassia ».

Tous ces textes ont un statut littéraire original. Et derrière l’esthétique de l’écriture, cette dialectique de la veille et du rêve nous donne à lire – quand on connaît l’importance du rêve dans l’inconscient humain – ce qu’il y a de plus personnel, de plus intime chez Naguib Mahfouz.

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