Les perles nacrées de nos larmes
Frédéric-Jacques Bourgade
Les éditions Ovadia (2025)
Le roman de Frédéric-Jacques Bourgade sera en librairie le 30 avril 2025.
Vous trouverez ci-dessous la préface de ce roman où l’écrivain met des mots sur des années de terreur vécues durant son enfance et son adolescence et sur le calvaire des enfants et des femmes violentées.
Préface d’Annie Forest-Abou Mansour
Désormais grand-père, la soixantaine atteinte, Gwendal, personnage principal de l’ouvrage de Frédéric Bourgade, remonte le cours de son existence et les maux du passé deviennent alors des mots. Les perles nacrées de nos larmes, titre poétique et métaphorique, appelle d’emblée l’attention et donne le ton de ce roman aux multiples facettes qui prend ses racines dans la psychologie du personnage principal. Leur iridescence transforme les larmes, concrétions de la tristesse, en bijou, un livre profond et émouvant issu de l’univers intime du héros et de l’auteur. Comme le souligne l’exergue, cet ouvrage aux effluences de cendres se veut semeur de joie, d’espérance, de confiance en la vie chez tous ceux qui ont souffert.
Cruellement marqué dès sa naissance par l’abandon maternel forcé et la mort de son jumeau, l’entrée dans le monde de Robin fut engluée dans le malheur. Après une naissance liée à la mort et au délaissement, le jeune Robin est partagé entre une famille d’accueil et l’Assistance publique avant son adoption et son changement d’identité. Robin Pelosquer devient Gwendal Himmler. Qui est-il ? D’où vient-il ? Ces angoissantes questions obsessionnelles longtemps restées sans réponses le hantent, comme subsiste longtemps en lui la peur de l’abandon après le trauma de sa naissance puis le départ de son père adoptif.
Cependant l’amour de sa seconde mère, de la tante de cette dernière (qu’il considère comme sa grand-mère), de son épouse, la rencontre avec de belles personnes comme Françoise l’institutrice, lui permettront d’échapper aux énergies négatives intériorisées et d’atteindre la félicité. Découvrir l’identité de sa mère et savoir que cette jeune femme innocente, méprisée, maltraitée a été contrainte de le rejeter, connaître sa famille, seront des détours fondamentaux pour parvenir à se comprendre et à renaître.
Les perles nacrées de nos larmes sous son apparente simplicité est un roman multiple qui narre les faits sans pathos et sans emphase. Ce roman d’une quête défie les conventions traditionnelles, mélange les genres en s’ouvrant sur un poème épistolaire lyrique dédié à la génitrice, en glissant çà et là dans la narration des légendes, en prenant parfois l’allure d’un journal intime avec des dates égrenées en début de paragraphes, chronologie précise situant les faits et le vécu de l’enfant brisé, scindé en plusieurs êtres que l’écriture aide à reconstituer, à devenir un. A d’autres moments, lorsque l’enfant dialogue avec l’Océan, compagnon de toujours, salvateur et protecteur, (« Depuis des années, et sans qu’il le réalise, l’Océan le préparait, l’accompagnait, forgeait en lui l’homme de demain »), le roman réaliste bascule dans le fantastique, devenant roman d’initiation. Après avoir franchi et vaincu de nombreux obstacles, le garçonnet vulnérable et meurtri devient un homme accompli, épanoui, heureux, en paix désormais avec son passé. Genre hybride, Les perles nacrées de nos larmes est tout à la fois un témoignage sur l’enfance et la féminité flagellées, un roman psychologique et un roman de filiation. Le récit embrassant non seulement toute l’existence du protagoniste, mais aussi sa vie d’avant sa naissance : la vie in utero avec son jumeau, celle de ses ascendants, puis de ses descendants. Il dit les liens retrouvés et recréés, la transmission au-delà des générations des traits physiques, des ressemblances. Et à la fin, de singulier le roman s’ouvre à l’universel avec des méditations plus générales sur la vie et le sens de la vie révélant l’humanisme de Frédéric Bourgade dont l’écriture sort du silence et de l’obscurité la réalité et les vécus dysfonctionnels.
Ce roman d’une vie aux douloureuses expériences veut prouver que la fatalité n’existe pas, – « N’oublie jamais, jeune fille : ta vie est entre tes mains » déclare l’Océan à la petite fille de Gwendal – et que l’Amour est rédempteur. Espérons que Les perles nacrées de nos larmes, ouvrage à la structure linéaire, à la phraséologie sobre, qui donne à voir la maltraitance infantile et féminine, saura changer les représentations et éveiller les consciences.
Merci, Annie, de m’avoir prêté ta plume et de m’avoir offert ta sensibilité et ton humanisme. Ta rencontre est importante pour moi. Tu es comme un rayon de lumière dans une société bien obscure. Merci…. Bisous à vous deux