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Le Serment de l’espoir

16/04/2021 | Livres | 1 commentaire

Le Serment de l’espoir. Que la vie souffle encore demain
Parme Ceriset
L’harmattan (2021)

 

(Le Serment de l'espoirPar Annie Forest-Abou Mansour)

 

Rose et parme, les couleurs de l’espoir

 

Tout comme l’auteure Parme Ceriset,  Rose ,  – « Parme », « Rose », deux prénoms, déclinaison et camaïeu d’une couleur tendre, fleur dévoilant la tendresse (« Il me réveilla soudain d’une interminable sieste en m’apportant une rose parme qu’il venait de cueillir dans le jardin ») semée dans le roman  -,  la narratrice de la fiction autobiographique  Le Serment de l’espoir. Que la vie souffle encore demain, souffre d’une « maladie génétique rare ». Une invalidante et douloureuse affection pulmonaire l’attaque en effet dès l’âge de quatre ans et demi, la condamnant selon les médecins  « à court ou moyen terme, (…) : (elle) n’attendra (…)  jamais l’âge de dix ans ». Mais les parents de l’enfant  ne sont pas de ceux qui  se résignent et renoncent : «Il était inconcevable pour eux d’accepter une sentence sans avoir exploré toutes les pistes, frappé à toutes les portes ». Ils conservent l’espoir et entrent dans la lutte  pour la vie, entraînant dans la joie et la confiance la fillette. « Biche, rappelle-toi que tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir » lui dit  son père. Entourée d’une famille affectueuse et amoureuse de la vie, d’Adrien, un être rayonnant d’optimisme qui  la porte au propre (« Adrien me portait sur son dos ») et au figuré avant de devenir son mari tendrement aimé,  d’un personnel soignant rempli de bienveillance,  d’Ajax son « ange canin », Rose surmonte les heurts de la maladie et  la lourdeur des soins quotidiensElle force le destin, estompe le plus possible  de son esprit  les douloureux et difficiles moments de sa vie pour s’emparer de chaque parcelle de joie, de bonheur, de beauté.

Malgré un essoufflement croissant, l’amenuisement de sa capacité respiratoire, elle entreprend et mène à leur terme des études de médecine.  Elle « relèv(e) un défi (…) en réussissant à concilier (le)es soins et (s)on objectif de venir en aide à (s)es semblables ». Puis une greffe des poumons s’impose. Durant la longue et angoissante attente,  Rose est  partagée entre l’espoir  d’une nouvelle vie, « retrouver des sensations oubliées, comme courir, danser, chanter à tue tête », et la peur d’une opération dont l’issue n’est pas certaine. Elle est « traversée de plus en plus fréquemment par des effluves d’angoisse de mort ». Mais la Vie s’impose. La vie triomphe !

 

L’art salvateur

 

La narratrice en osmose avec la nature,  le réel environnant,  pénètre leurs arcanes, voit ce que le sens commun ne sait pas percevoir. Elle, qui a frôlé la mort et parce qu’elle l’a côtoyée, ressent avec acuité le bonheur de vivre et l’exprime par le biais des mots et de la peinture. La nature, l’art, adoucissent l’âpreté du quotidien étouffant et étouffé assujetti à la souffrance, à la  pesanteur des soins,  et le transfigurent. L’art est salvateur (« écrire me sauvait la vie »), il  permet  l’accès à  l’immortalité : « (…) créer, créer encore, créer toujours, pour rejoindre dans l’art une certaine forme d’immortalité ». Les mots imprimés sur les pages blanches d’un livre,  les couleurs jetées  sur la toile d’un tableau éternisent des instants fugaces, « immortelles pépites d’éphémères »,  les figent. La vie, la nature deviennent œuvre d’art sous sa plume. Ses personnages, le réel sont transfigurés par l’imagination et l’écriture.  Entrant dans un monde enchanté, elle les métamorphose en œuvre d’art.

Ce roman autobiographique, bouffée d’air frais revigorant,  souffle  et pulsation de vie,  est une invitation à savourer chaque moment de l’existence, à être dans l’Amour, dans la bienveillance. Ne voir que la beauté des choses, les dire  et les peindre.

 

Un voyage par les sens

 

Deux « je », deux « moi », dotés d’une grande force morale, se tissent au fil des pages, identiques et différents, transfigurés par la beauté des descriptions  nées  du vécu, de la rêverie et  de l’imagination : multitude de touches de couleurs, de parfums, de saveurs, de sensations tactiles : « J’observais autour de moi les paisibles feuilles vert jaune des platanes bercées par le vent du Sud, les fleurs géantes du magnolia aux délicats pétales de couleur crème (…), « L’air drômois, fruité, chaud et agréable (…) », « les fleurs de lys orange, les roses pourpres, les voiles de mousseline arc-en-ciel et les orchidées jaunes tournoyaient joyeusement à la belle étoile ». La narratrice/autrice capte des sensations fugitives savoureuses, parfumées et colorées emportées dans de doux mouvements aériens produits par le vent,  doux souffle de la nature, respiration de la vie. La Beauté transporte vers un ailleurs merveilleux : « j’avais senti sur mon visage et sur mes épaules le souffle tiède d’un mistral gorgé de soleil, d’odeurs de pins, de chants de cigales, et j’avais eu la sensation d’être en Orient ». Rose voyage par les sens : la vue, le toucher, l’odorat. Le choix de termes lumineux, vaporeux concrétise les émotions de l’âme, un bonheur universel et éternel: « je réalisais que même si un jour nous venions à disparaître, les générations de moineaux, elles, se succéderaient impassiblement au fil des années en toute indifférence de notre absence. Les oiseaux seraient toujours là (…) ». Nature épargnée par la fuite du temps !   nature aux éternels retours ! La narratrice saisit par les mots le monde  qui s’échappe. Elle recueille les vibrations de vie, éblouie par sa beauté malgré de douloureuses épreuves.  Constamment plongée dans un état de réceptivité, en harmonie profonde avec le monde humain, animal, végétal, elle échappe au temps.

Les discours pragmatiques sur la mort et la vie se tricotent faisant triompher la vie dans des descriptions en prose poétique, dans des chants au souffle lyrique, comme dans ces interrogatives anaphoriques : « Te souviens-tu comme nous aimions la nature (…) », « Te souviens-tu comme nous nous laissions envoûter par le chat mélodieux des mésanges ? ».

Le Serment de l’espoir. Que la vie souffle encore demain, magnifique ode à la vie, à l’Amour, est un sublime message d’espoir de Parme Ceriset et de Rose, reflet de son parcours, de sa sensibilité, de sa richesse et de sa beauté intérieures.  Sachons tous, comme elles, cueillir « dès aujourd’hui les roses de la vie ».

 

1 Commentaire

  1. Parme Ceriset

    Je suis enchantée et émerveillée par cette chronique qui retranscrit parfaitement l’ambiance de mon roman et le message que j’ai voulu faire passer. C’est un excellent travail d’analyse minutieux et sublime. Un grand merci !

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