Après le film « Des hommes et des dieux » – l’autre enquête sur l’enlèvement et la mort des moines de Tibhirine –
Jean-François SOFFRAY
(Editions GOLIAS, mai 2009)
(Par Joëlle Ramage)
En ces temps troublés où le fanatisme religieux semble prendre une part léonine dans la vie des peuples, il est bon de se souvenir des moines de Tibhirine, à la foi vivifiante et à l’action vraie.
Dans ce mince ouvrage d’investigation, l’auteur, Jean-François Soffray, rédacteur à la revue Golias, nous dit que « les moines de Tibhirine ont retrouvé leur actualité bienfaisante ». Nous aimerions en effet croire qu’il existe de par le monde de tels ancrages de foi où la bonté et la générosité contenues dans les paroles du Livre trouvent leur application dans des gestes simples : une main tendue à l’Autre, une écoute attentive, un geste d’amour…et ce, quel que soit cet Autre, ami ou étranger ou même ennemi. Car, par-delà leur tombe terrestre, ces moines nous offrent le plus merveilleux exemple qui soit de la profondeur du dialogue interreligieux.
Avec le film exigeant« Des hommes et des dieux » la plupart d’entre nous connaissent la vocation de ces sept moines disparus tragiquement, qui avaient fondu la diversité de leur vie dans une spiritualité commune et authentique, au service du peuple algérien.
L’universalité de la foi devrait appeler à une tolérance active ; il n’en fut rien à Tibhrine, ou plutôt cette tolérance fut massacrée avec le massacre des moines.
L’ouvrage de Jean-François Soffray relate l’enquête ouverte après l’enlèvement des religieux et leur disparition, une enquête minutieuse et complexe qui lève quelques pans sur la « raison d’Etat ». Quelques seize années après cette tragédie insondable, les moines de Tibhirine n’en finissent pas de nous rappeler que la classe politique en France est toujours fractionnée sur la question de l’intégrisme islamique.
Agnostique ou croyant, il n’est pas inutile de lire ou de relire la prière à l’accent universel du Père Christian de Chergé, composée avec un hôte musulman de la Communauté :
Seigneur unique et tout‑puissant,
Seigneur qui nous vois,
toi qui unis tout sous ton regard
Seigneur de tendresse et de miséricorde,
Dîeu qui es nôtre, pleinement,
apprends‑nous à prier ensemble,
toi, le seul maître de la prière,
toi qui attires le premier ceux qui se tournent vers toi.
Les vagues m’assaillent,
ordonne la paix!
Seigneur, sauve‑nous, nous périssons
Mets ta lumière en mon coeur, illumine ma route.
Mets une lumière dans mes yeux,
une lumière sur mes lèvres,
une lumière dans mes oreilles,
une lumière dans mon coeur…
Je ne te demande pas la richesse;
je ne te demande pas la puissance ni les honneurs…
Je ne te demande que l’Amour qui vient de toi,
car rien n’est aimable en dehors de toi,
et nul ne peut aimer sans toi.
Je veux t’aimer en tout.
L’amour est la source, l’oeil de la religion,
l’amour est la joyeuse consolation de la foi.
Tout est simple quand Dieu conduit.
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