Faire feu
Claire Genoux.
Bernard Campiche éditeur, mars 2011
(Par Christina Olmes)
IL était une fois un recueil de poésies. Je le découvre, je l’approche, à la manière d’un chat curieux ou d’une Sherlock Holmes.
Au seuil du livre, le titre accueille le lecteur. Et une photo : fond noir et blanc parsemé de pétales d’anémone rouge. Un ventre de femme se dessine soudain quand le regard se pose sur le grain de peau qu’on distingue, en bas à droite du livre. Alors apparaissent le nombril, la hanche gauche et un début de cuisse. Couverture qui dévoile que d’autres sens existent en transparence du sens premier des mots. Enfin une citation d’Alexandre Voisard éclaire le titre « Un seul devoir t’attend dans le couloir piégé où tu vas en aveugle : faire feu ». Ces mots s’adressent au lecteur, à la poétesse aussi. Son ventre est ouvert, défloré. Le parfum exhalé de la fruition qui s’aube. L’infinitif FAIRE est un impératif, une loi de la nature, de sa nature de poétesse.
Ses poèmes sont de la sève d’un ruisseau glacé de montagne qui trace son cours nouveau, VIF, éclaboussant de lumière sur les écueils. La mer est son repos, sa destination sûre.
Cet enfant
Cet enfant qu’elle a voulu tuer en moi
lancé au chevet du monde
cet enfant maintenant
_ le mien
court vers la mer
se pose sur l’oeil immense de l’eau
tout de suite après il dort
il ne rêve à rien
son corps est couvert de vent
de paix
et de la cendre du sable
je le tiens contre moi comme une étoile qui danse
Parfois le langage de Claire Genoux m’est énigmatique. Femme singulière, à vif, qui écrit avec sa chair unie au coeur et à la nature, à la vie.
Au milieu
Je vois bien ce que je peux être
par rapport à eux
à leur monde
beaucoup trop affolée
au milieu de mon corps
parce que je me suis fait naître
en suçant à vide la flamme des fenêtres ouvertes
Fenêtres ouvertes d’une réalité qui reste énigme ? Déchiffrer le monde en écoutant, en écrivant son empreinte sensitive en ma singulière sensibilité ? Lire la poésie de Claire Genoux est une expérience qui m’a ramenée avec intensité face à une vérité oubliée, ou peu fréquentée, le mystère de l’origine de la vie, de son « essence »…
FRUIT
L’enfant n’est pas de moi
_ son étoffe de peau tiède
mais alors d’où vient-il
de quelle boue retournée
fruit de quelle faille
et s’il n’est pas de moi
de qui est-il
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