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Ecologiquement incorrect

4/01/2023 | Livres | 2 commentaires

Écologiquement incorrect
Jessy Charpentier
Jessy Charpentier auto édition (2022)

(Par Annie Forest-Abou Mansour)

Jessy Charpentier : Ecologiquement incorrect Un magnifique objet-livre

 Quand le lecteur feuillette l’ouvrage intitulé  Ecologiquement incorrect de jessy Charpentier, l’éblouissement s’empare de lui. C’est un magnifique objet-livre aux pages cartonnées glacées, satinées, douces au toucher. A gauche, un texte dialogue avec, à droite,  une esthétique photographie sur un thème commun.  La réalité est fractionnée et tissée en différents énoncés et clichés. Des perceptions fugitives capturées dans les rets de la Beauté. D’emblée cet ouvrage emporte le lecteur dans des envolées vers la magnificence mais aussi, avec une subtilité décapante, vers la réflexion à la lecture des passages écrits.

  Une vision esthétique du monde

Attentif aux sensations et aux émotions que le réel lui offre, le photographe Jessy Charpentier lutte contre la laideur par le sublime. L’artiste porte un regard esthétique sur le tragique déclin écologique, sur notre monde qui sombre « vers une réalité cauchemardesque, essentiellement due au système humain actuel », avec la mutation climatique, le réchauffement de la planète, la fonte des glaciers,  la pollution…,  facteurs de déplacements, de violence, de destruction de la faune,  de la flore, de l’humanité. A l’aide de photographies « capturées via un smartphone » avec une grande maîtrise, il donne à voir avec tendresse la beauté indicible de la nature et des œuvres humaines que le voile de l’habitude recouvre et que l’oeil anthropien ne sait plus toujours discerner. Il joue avec les volumes,  avec les couleurs allant des tons pastel au doux rendu à des tons vifs éblouissants. Il  jongle avec la lumière de la façade du Maxi bazar de Lyon ou de la place du Panthéon à Paris, avec les reflets du jardin des Plantes du 1er arrondissement de Lyon. Il s’amuse avec le mouvement, l’indécision du sens quand il propose le Pont Saint-Mihiel de Nantes ou la forêt de Brocéliande. Avec ces jeux esthétiques semblables à  ceux des  œuvres picturales contemporaines  abstraites ou figuratives, il interpelle les émotions et immortalise des instants, des lieux, devenus magiques et poétiques sous son regard qui va au-delà de la perception. Les monuments, les villes, la nature accèdent à l’Art. La beauté éphémère du réel devient immortelle, inoubliable,  dans un monde en déliquescence.

 Eveiller les consciences

Dans le dialogue instauré entre les photographies et ses réflexions, des questions rhétoriques rythmant ses propos (« Pourquoi l’homme moderne n’a-t-il pas poursuivi sa lecture à travers les signes du monde réel ? », « signe d’évolution ou début de perdition ? », « Est-ce donc à cela que nous préparons nos générations futures ? »…), Jessy Charpentier, conscient du drame qui se joue, tente d’éveiller les humains aveuglés par leur égoïsme, trompés par leur vision à court terme, leur stupide mégalomanie : « Pourquoi ce besoin systématique et incompréhensible de se tourner vers ce qui était jusqu’à présent inaccessible ? ». Par son original petit essai, ouvrage engagé, pamphlet corrosif  mais  dépourvu de toute agressivité, il souhaite  réveiller les citoyens,  les faire réfléchir pour que le monde devienne meilleur, plus juste, plus responsable, que ce ne soit plus la recherche du profit (« nos sociétés modernes (…) aveuglées par le profit, et réduisant ce qui n’est pas ‘homme’ aux statuts d’êtres insensibles et de biens matériels »), l’individualisme  qui guident les hommes, êtres infiniment petits « simple maille de la grande chaîne de la biodiversité, au même titre que n’importe quel être vivant » s’imaginant cependant  être des géants invincibles. Jessy Charpentier ne sombre jamais dans la polémique. Seuls quelques expressions ou  mots  forts  glissés dans ses propos (« se ruer », « une fissure d’ignorance », « lieu factice  constitué de violence injustifiée, de préjugés infondés, d’insatisfaction généralisée, de classes sociales désabusées »….) révèlent sa colère, sa tristesse, sa déception face à ses inconscients contemporains matérialistes, superficiels, égocentriques.

Le lecteur à qui Jessy Charpentier, sans prétention,  donne une leçon d’humilité, de sagesse (« Observez les éléments de notre monde avec émerveillement, humilité et amour. Vous n’en ferez que des découvertes époustouflantes où l’argent et le narcissisme ne trouveront jamais leur place ») devrait reconnaître ses limites, se remettre en question et surtout s’engager en faveur de son unique planète. L’homme actuel devrait  abandonner son égoïsme, apprendre à regarder la beauté enchanteresse du monde humain, végétal, animal, minéral, artistique qui l’entoure, autrement dit regarder la Vie, la respecter,  l’apprécier, la protéger,  l’aimer dans ses moindres détails.  Comme Jessy Charpentier, dont l’imagination, la maîtrise de la technique photographique colorent de beauté, de mystère la réalité,  il faut dépasser les apparences et accéder à l’essence des choses.

 Avec son élégant et esthétique ouvrage Écologiquement incorrect, Jessy Charpentier tente de changer le regard de ses contemporains et de faire évoluer leur conscience. Il les interpelle  lançant  tout à la fois un cri de détresse face à un monde en péril et un magnifique message teinté d’espoir.

2 Commentaires

  1. Jessy

    Vous avez parfaitement compris le sens du message de mon ouvrage, merci Annie pour la profondeur de vos mots.
    Merci également pour votre sensibilité à cette cause commune, cause qui n’attend que de pouvoir transcender les frontières de l’esprit et des croyances imposées par notre conditionnement societal.

    Tous unis pour un monde meilleur, et surtout plus juste 🙌🏼

    Réponse
  2. Annie Forest

    Merci Jessy pour votre sympathique réponse.
    Oui, unissons nous tous pour un monde meilleur et plus juste.

    Réponse

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