Clarisse et le singe en morceaux
Laurent Vyeix
Atome Editions (décembre 2013)
(Par Annie Forest-Abou Mansour)
L’élégante et belle Clarisse, femme dynamique aux magnifiques yeux verts, propriétaire de deux salons de beauté à Paris, mène une vie agréable et paisible. Seul son mari, Côme, « petit prof sans avenir », mal dans sa peau, dépressif depuis peu, lui cause quelques soucis.
Puis, brusquement, la vie bourgeoise agréable de Clarisse bascule : un sombre individu prénommé Horst, la suit, la harcèle, la menace par l’intermédiaire de messages sibyllins de plus en plus inquiétants, rédigés sur des « affichette( e ) bleue ( s ), rectangulaire ( s ). L’espace se réduit alors autour de Clarisse. Le danger et la violence la cernent dans son quartier, dans ses salons de beauté puis dans son appartement jusqu’à son ensevelissement dans une grotte proche de sa résidence secondaire. Cette réduction spatiale, concrétisation de son angoisse et de sa privation subite de liberté, intensifie le suspens du roman alerte et haletant de Laurent Vyeix .
Avec virtuosité, Laurent Vyeix, dans Clarisse et le singe en morceaux, brouille les pistes et les repères du lecteur. Dès l’incipit, c’est Côme qui s’amuse à suivre une jeune femme : « Côme la suivait sans entrain, respectant une distance de cinq à dix mètres entre eux, admirant la souplesse des mouvements, le chatoiement du soleil dans la chevelure, le balancement des hanches (…) ». Les leurres se succèdent. Deux intrigues s’imbriquent simultanément : l’histoire de Clarisse et celle de jeunes dealers du lycée où enseigne Côme. L’épisode du crime, constante habituelle du roman policier, se rapporte à la seconde enquête. Clarisse ne meurt pas, mais l’éventualité de son assassinat accroît la tension du récit. Comme dans tout roman policier, le lecteur se pose des questions. Cependant ces dernières se portent non pas sur la recherche d’un assassin mais essentiellement sur les raisons pour lesquelles un mystérieux homme harcèle Clarisse, introduit une fêlure dans sa vie, la plonge dans un véritable cauchemar.
Laurent Vyeix bâtit soigneusement son intrigue avec des personnages de chair, d’angoisse, de sentiments, représentatifs de la société contemporaine, appartenant à la vie quotidienne et banale de tout un chacun. Les différentes techniques narratives, l’alternance des focalisations internes et omniscientes éclairent les pensées, les sensations, les peurs des personnages. La vision externe estompe la connaissance des faits et accentue l’impression de suspens. Les questions rhétoriques (« Mais alors qu’était Charlaine ? Un tyran grotesque ? Mère Ubu ? »), les phrases souvent courtes, inachevées (« s’il pouvait s’y agripper… »), nominales ou adverbiales (« intellectuellement ») créent un rythme dynamique et oppressant. Le lecteur vibre alors au même diapason que Clarisse et Côme. Les nombreux indicateurs spatio-temporels précis placés en exergue (« Mardi 24 avril. Onze heures », « samedi 28 avril. Onze heures trente ») rapprochent le texte du journal ou du reportage donnant au récit un caractère réaliste et objectif. La description des caractères denses et typés des personnages, leurs pensées font évoluer le roman policier en roman psychologique et en roman de mœurs avant le coup de théâtre final.
Laurent Vyeix dans Clarisse et le singe en morceaux recherche l’authenticité de la vie. Il mêle habilement suspens, violence, réflexion, émotion, lançant aussi de nombreux clins d’œil humoristiques au lecteur comme lors de l’arrestation arbitraire pour prostitution de Côme, travesti en femme, dans les dialogues entre ce dernier et son psychiatre, ou lorsque le nouveau commissaire divisionnaire explique : « – Oui, je remplace Ben Soussan, parti en retraite. / – Et que fait-il de sa retraite ? / – Il vole. / – Il a changé de camp / – mais non : c’est un excellent pilote. ». Tension et détente se conjuguent et se mettent en valeur à la faveur du comique de mots, de gestes, de situations.
Les illustrations esthétiques en noir et blanc de Sophie Ainardi accentuent le mystère du texte. Clarisse et le singe en morceaux permet au lecteur d’échapper à la platitude du quotidien, de le mettre entre parenthèses pendant la durée de sa lecture. Clarisse et le singe en morceaux suscitera un véritable engouement chez les amateurs de suspens.
J’ai lu « Clarisse et le singe en morceaux » et j’y ai pris beaucoup de plaisir. Suspense, humour et réalités de la vie mènent le bal !
j’ai lu « Clarisse et le singe en morceaux » et j’ai passé un très bon moment. Humour, suspens, je me suis raisonnée pour ne pas regarder la fin plus tôt, mais ce n’était pas difficile, car le récit est prenant. L’analyse des raisons pour lesquelles Clarisse est harcelée donne à ce roman une dimension supplémentaire.
Il me l’a dédicacé, je l’ai remercié, ouvert et plus lâché, je l’ai dévoré sous le soleil du Nicaragua chez « cousin Pierre » et j’ai plongé dans cette intrigue qui tient en haleine du début à la fin, un vrai régal, on en redemande !!! De la violence, mais juste ce qu’il faut, du suspense à gogo, et un l’humour délicieux, le tout distillé par une plume qui ne néglige pas le réalisme, ce qui en fait un super bon livre. Guettons les prochaines sorties…..
J’attends aussi avec impatience quand même (sourire) et dans un autre genre, les aventures de Crottiflotte et Merdipleut