Yéti Wood
Pierre Kériec
Illustrations de Marie-Pierre Chaudet
Les découvertes de la Luciole (2020)
(Par Annie Forest-Abou Mansour)
Les bienfaits de la littérature pour enfants
Les bienfaits des livres destinés aux enfants sont nombreux. Leur lecture non seulement les divertit en enrichissant leur monde imaginaire mais elle les ouvre aussi à la vie, à la société. Yéti Wood de Pierre Kériec, ouvrage pour les huit/douze ans, ne se contente pas de raconter une charmante histoire, il transmet également des valeurs morales, sociales, écologiques.
La nature : un lieu d’apprentissage
Dans ce bel album cartonné de format 21/29, le jeune lecteur participe à l’aventure vécue par Pierre, un garçonnet habitant avec ses parents à proximité d’un bois, « devenu sa propriété, en partage avec son père, du simple fait qu’ils étaient les seuls à le fréquenter depuis… depuis toujours ». La nature est pour lui non seulement une lieu de vie récréatif, mais aussi un lieu d’apprentissage : « Pierre y avait tout appris. En tout cas, ce qu’il n’apprenait pas à l’école ». L’école n’est pas, en effet, le seul endroit de partage de savoirs et de savoirs-faire. L’enfant apprend de l’expérience et de la rencontre avec l’Autre.
Une rencontre mystérieuse
Dans Yéti Wood, un jour, Pierre surprend, à son grand étonnement, dans le bois toujours désert, un inconnu qui disparaît aussi vite qu’il est apparu. Ayant été éduqué selon des principes de solidarité, de partage par des parents intelligents, généreux, ouverts aux autres, il décide alors, malgré les consignes de sa mère de ne pas parler à des inconnus, d’aider cet être mystérieux, vêtu d’un « long manteau plein de poils ». Pour ce faire, il emporte chaque jour son goûter qu’il dépose dans sa cabane au milieu des bois. Il « subtilis (e) trois pots de miel de la réserve familiale », un savon, « Les Aventures de Tom Sawyer », des chaussures de marche, une veste appartenant à son père… Mais l’inconnu qui n’apprécie que les friandises ne se montre pas : « Ce n’était plus Yéti Wood, mais l’homme invisible ». Après diverses anecdotes et une pincée de suspense, le protagoniste de l’histoire et le lecteur découvrent qui est Yeti Wood.
Une leçon de vie
Pierre Kériec et l’illustratrice Marie-Pierre Chandet aux dessins à l’aquarelle, réalistes et plaisants, sur des fonds couleurs pastel, camaieux de vert, expression de la nature, déploient leur ingéniosité pour enrichir la réflexion et la bienveillance des enfants, les initier au respect de la nature et de toute forme de vie : « Adorable papa ! Il parlait si savamment des petits oiseaux, de la qualité de l’eau, de l’équilibre de la nature, et tout ça… Attendrissant quand il libérait une mouche tombée dans son potage, attristant quand il parlait d’abattre ses arbre fruitiers malades (…) ».
Avec tendresse et parfois humour (« Un héros qui ne se montre pas à son inventeur est un ingrat infréquentable »), semant, au fil des pages, de discrets indices dévoilant implicitement l’identité de l’inconnu, Pierre Kériec donne aux jeunes lecteurs des leçons tout en les distrayant. En l’occurrence, Pierre prend conscience que la désobéissance peut entraîner sur un chemin inquiétant et dangereux. Après avoir aperçu l’inconnu à proximité de lui, l’enfant apeuré, assis sur une branche de châtaigner, « pleur(e) nerveusement ». Le petit lecteur comprend le message : les adultes connaissent les dangers de la vie, il est donc important de les écouter. La visée pédagogique de l’album de Pierre Kériec aux messages éducatifs, instructifs, écologiques, sollicite la réflexion des lecteurs. Grâce à la lecture de cet apologue, un dialogue, des échanges, dans un climat de confiance, peuvent s’engager entre les parents et les citoyens en herbe capables de s’exprimer plus facilement en s’identifiant à Pierre et ainsi comprendre progressivement le monde dans lequel ils évoluent.
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