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Une bouteille à la mer

29/12/2011 | Cinéma | 0 commentaires

 

Une bouteille à la mer
Un film de Thierry Binisti (2012)
avec Agathe Bonizer, Mahmoud Shalaby, Hiam Abbass.

 

(par Elias Abou-Mansour)

 

 

 

Une-bouteille-a-la-mer_image.jpgLe film Une bouteille à la mer de Thierry Binisti présente le tableau synoptique des deux sociétés belligérantes israélienne et palestinienne. Tal, une jeune israélienne, d’origine française, bouleversée  et perturbée après un attentat meurtrier dans son quartier, mais récalcitrante à la haine,  veut comprendre. Elle écrit alors une lettre, destinée à un éventuel palestinien,  qu’elle glisse dans une bouteille et que son frère, un soldat, jette à la mer. Naïm, un jeune palestinien va répondre. Commence alors un échange épistolaire entre les deux adolescents. Ainsi le film dévoile la vie de Tal et de Naïm et à travers ces deux prismes fait connaître les jeunesses israélienne et palestinienne. Les jeunes israéliens profitent des loisirs procurés par la société tandis que les Palestiniens trainent dans l’oisiveté et   le désoeuvrement. L’humiliation, la coercition, les contrôles et l’insécurité sont leur lot quotidien. S’évader de cette médiocrité taraude de ce fait l’esprit des Palestiniens. Naïm rêve de partir en France. Le Centre Culturel français de Gaza est son échappatoire. De même, la langue française véhicule, pour lui, la liberté, l’évasion et un avenir meilleur. Cet échange épistolaire dévoile donc aux spectateurs deux mondes diamétralement opposés. La société israélienne opulente et occidentalisée tandis que Gaza est écrasée sous le joug de la misère, de la privation et de l’humiliation. Gaza constitue une vaste prison. Dans cette bande de terre exiguë, la population palestinienne comptant un million six cent mille habitants vit dans la promiscuité et la pauvreté.
Thierry Binisti, le réalisateur décrit un amour impossible entre Tal et Naïm. Ils ne pourront jamais se rencontrer, les deux sociétés étant en guerre.  Et une atmosphère de haine obscure sépare les deux camps. Tal et Naïm vivent un dilemme où s’opposent sentiments et fidélité au groupe auquel ils appartiennent, le Hamas pour Naïm. Durant la guerre, la société peut-elle être tolérante ? L’amour ne devrait avoir ni loi ni frontières. Or les parents de Tal s’opposent à cette politique d’ouverture, au rapprochement des deux sociétés. De même à Gaza, la communauté s’immisce dans la vie de l’individu qui doit se fondre dans le creuset national. La société dicte alors à Naïm son comportement. Elle lui impose ses interdits. Si Naïm brave les tabous, il sera suspecté par le Hamas de trahison. Son cousin  le blâme. Au café, on l’accuse, on le suspecte. Dans la société arabe, l’individu peut-il garder toute sa liberté, son autonomie devant la communauté, la Oumma ?
La communication grâce à internet de Tal et de Naïm  fait penser au rôle joué par le courrier électronique dans les révolutions arabes. Ces révolutions, qui  ont secoué la léthargie des masses arabes et lézardé les tyrannies,  doivent leur succès aux réseaux sociaux. Ces derniers permettent d’élaborer des mesures et des méthodes de résistance civile comme en Syrie par exemple, de diffuser l’information à l’extérieur.
Thierry Binisti, le réalisateur d’Une bouteille à la mer, donne la parole aux modérés au détriment des radicaux. Il veut insinuer que la paix est toujours possible. Son regard est objectif, loin de tout dogmatisme et de toute haine. Il filme les deux sociétés avec réalisme et laisse le spectateur se forger son propre jugement. Ce film prouve que l’avenir d’Israël est dans la paix et non pas dans les guerres préventives.

 

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