Sortie du CD de Guy Créquie
(2013)
(Par Joëlle Ramage)
Les reprises musicales d’air populaires ne sont pas toujours heureuses. La qualité de l’interprétation du chanteur, Guy Créquie qui est aussi poète, écrivain et surtout messager de la culture de la paix, apporte ici une démonstration inverse. Le professionnalisme dont il fait état dans l’exploitation des airs populaires démontre à l’évidence une vraie maîtrise du sens musical et de la rythmique. L’exemple de l’exploitation des rubatos dans la chanson Besame Mucho est proprement impressionnant. De même, le comma volontairement manquant à la fin de certains mots donne beaucoup de profondeur à la fin de la phrase musicale, comme si on avait envie qu’elle se prolonge à l’infini. Dans cette chanson, le solo des violons apporte une touche de légèreté à une mélodie qui arrache des larmes. Cette version, non académique de besame mucho était un risque à prendre et un vrai pari musical; l’artiste a réussi cette gageure pour notre plus grand bonheur. D’une manière générale, on peut constater que le timbre chaud et la voix de ténor du chanteur s’harmonisent parfaitement, comme on peut le percevoir dans la chanson non ti scordar di me. Dans cette chanson italienne, les rubatos très bien placés du chanteur sont associés à un vibrato volontairement « chancelant », ce qui ajoute beaucoup de chaleur et de profondeur à la mélodie. On a là un exemple de vraie dextérité en matière d’interprétation de la phrase musicale. En outre, dans non ti sordar di me les aigus des solos de violon apportent un effet de contrepoint intéressant. Le chanteur sait admirablement exploiter la régularité du rythme à trois temps, dans la chanson oh mon amour, ce qui confère un effet entraînant à cette mélodie désuète, le timbre de la voix du chanteur, volontairement marqué et lourd, se veut rassurant sur ce « à toi toujours » et « rien que nous deux« . Dans la version de la chanson pour un baiser, l‘introduction dramatique rappelle les opéras classiques, tant par la mélodie que par le thème de l’amour. La voix du chanteur est sublimée par des accents chauds et lyriques qui montent régulièrement en puissance pour mieux s’épanouir dans des rubatos graves et profonds qui confèrent à la voix des inflexions de baryton. Le vibrato discret et grave souligne la dramaturgie de la scène et on a là un agencement subtil et très étudié des paroles et de l’harmonie que soulignent admirablement les cordes de l’orchestre symphonique.
Ce chanteur lyrique, reconnu dans le monde entier, vaut la peine non seulement d’être écouté, mais aussi entendu en tant que militant dans les domaines de la paix et de l’amour du prochain.
Ci-dessous un extrait de l’un des CD de Guy Crequie (Gil Conti en concert)
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