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Rétrospective sur Werner Schroeter

1/02/2011 | Cinéma | 0 commentaires

Rétrospective sur Werner Schroeter

(par Pierre-Alexandre Murena)Nuit de chien.jpg

Le 12 avril dernier s’éteignait à l’âge de 65 ans Werner Schroeter, une des étoiles du nouveau cinéma allemand, nous laissant une filmographie aussi riche que diversifiée, d’une profondeur toute dramatique sur laquelle est revenu le centre Georges Pompidou, dans une rétrospective à laquelle Schroeter lui-même avait pris part avant son décès.

Que retenir de cette œuvre flamboyante, de ce style éblouissant, mais également troublant, dérangeant, aux antipodes du cinéma de masse ?

Au-delà même de ce style riche et baroque, tourmenté et obsédant, souvenons-nous des voyages esthétiques offerts par le réalisateur, de ces scènes empourprées et obscures où se mêlent subtilement les deux fantasmes artistiques universellement partagés que sont amour et mort, mais également de ces images envoûtantes et esthétiquement cruelles, soutenues par une musique forte et subtilement choisie. Car le cœur des films de Schroeter n’est pas l’intrigue, pas même un quelconque message que l’artiste chercherait à insuffler au spectateur, mais bien le jeu de masques sous toutes ses formes : opéra, travestissement, théâtre… Dans ses films, les acteurs arpentent sans relâche, tantôt blessés dans leur corps et leurs illusions, tantôt sublimés par une lumière mystique.

C’est finalement un cinéma endeuillé qu’a quitté sereinement Werner Schroeter, ce réalisateur aux allures de Dürer moderne, comme pour donner son sens ultime à cette sentence de Shakespeare encadrant son dernier film, Nuit de chien : « De tous les prodiges dont j’aie jamais entendu parler, le plus étrange, pour moi, c’est que les hommes ont peur, voyant que la mort est une fin nécessaire qui doit venir quand elle doit venir.»

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