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Regards sur l’Autre

9/08/2006 | Livres | 0 commentaires

Le camp des innocents
Prix littéraire Williams Sassine

15 nouvelles africaines
Lansman / CEC, 2006

(par Annie Forest-Abou Mansour)

L’original recueil de quinze nouvelles d’écrivains africains de langue française, Le camp des innocents, sollicite le respect de la Différence. Essentiellement par le biais du constat – amer ou plein d’humour – les nouvellistes incitent à porter sur l’Autre un regard dégagé de préjugés sociaux, culturels et moraux. L’Autre, souvent perçu comme étrange et étranger, parce que différent par sa couleur (Le Noir, l’albinos dans Une voix entre mes entrailles – de Vincent Lombume), sa sexualité (Cachés de David Doma-Tanga), ses difformités (La Baraka, de Houriya Cherif Haouat), est considéré comme un cas social ou moral susceptible d’apporter le malheur (l’albinos) ou le désordre (l’homosexuel) dans la société alors qu’il devrait simplement être appréhendé comme un être humain. En effet, seul l’individu compte. La couleur de la peau, la sexualité, une infirmité, appartenant à l’intimité et étant en fait bien secondaires, n’ont pas à être une cause de rejet.

 L’Afrique, malgré ses violences interethniques, ses superstitions, peut donc servir d’exemple à une Europe individualiste et égoïste qui laisse mourir ses vieillards dans la solitude comme le montre le titre de la Tribune De Genève dans Trois hivers à Genève de Fama Sene Diagne : «Mort chez lui, il attend sa tombe depuis cinq cent jours ».

Cet ouvrage est avant tout un message fraternel, un poème de compréhension et d’espoir : L’Afrique y apparaît comme un continent « où il n’y a pas de troisième âge, mais seulement l’âge de la sagesse : où il n’existe que des bénévoles pour donner un peu de sourire et un peu de caresse qui transfigurent la souffrance et la solitude. »

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