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Omar

13/12/2013 | Cinéma | 0 commentaires

Omar
Film réalisé  par Hany Abu-Assad
(2013)
Avec Adam Bakri, Waleed Zwaiter, Leem Lubany

 

(Par Elias Abou-Mansour)

 

    Le film Omar de Hany Abu-Assad n’est pas seulement un thriller ou le parcours paranoïaque d’un Palestinien comme le prétendent certains chroniqueurs. C’est une histoire d’amour fondée sur une réalité historique.

    En effet, Omar est une fiction-documentaire et un film engagé. Il montre  la  triste réalité d’êtres qui souffrent et vivent les douloureuses cicatrices de l’occupation. Les personnages présentés par Hany Abu-Assad incarnent une population déshéritée, démunie, mais surtout humiliée et privée de dignité humaine. Ce film politique ne tombe cependant pas dans le dogmatisme, la propagande et l’endoctrinement. Il ne formule pas un discours haineux et reste loin de tout lyrisme.  Bien que grave, le thème est même parfois teinté d’un certain humour.

    L’intrigue est simple. Omar, un Palestinien, escalade « le mur de séparation » pour visiter ses amis d’enfance, Amjad et Tarek et rencontrer sa bien aimée Nadia.

    Mais lors de chaque visite en Israël, Omar affronte la mort. Il essuie des rafales de la part de l’armée israélienne. Puis, il est arrêté par une patrouille militaire et subit un traitement arbitraire, tyrannique et humiliant. Rabaissé, mortifié, Omar se réfugie alors dans la Résistance. Les trois amis, Tarek, Omar et Amjad mènent une opération aboutissant à la mort d’un soldat israélien. Omar est alors arrêté et torturé.  Le machiavélisme policier l’oblige à choisir entre l’incarcération ou la collaboration.

    La police s’efforce à l’employer comme indicateur à son service. Et il n’est libéré que contre son engagement à livrer Tarek suspecté d’avoir tué le  soldat. Le spectateur en suivant le cours des péripéties du film découvre qu’Amjad est un collaborateur. Le cynisme de la police israélienne amène les jeunes Palestiniens, sous la torture, à trahir leurs familles, leurs connaissances. La délation se développe. Les arrestations arbitraires se multiplient. Le réalisateur, Hany Abu-Assad met l’accent sur les contraintes physiques, morales et psychologiques exercées par la police contre les prisonniers qu’elle manipule.  Il s’agit, pour la police, de noyauter, contrôler et quadriller la société palestinienne. Ce climat de brutalité va inciter les Palestiniens à la révolte. La jeunesse palestinienne s’enlise alors dans le désespoir. Or une société qui sombre dans la détresse est un terreau pour l’intégrisme et la violence.

    Omar, accusé de traîtrise, afin de laver son honneur, opte pour la violence. Cette dernière est omniprésente dans le film. D’ailleurs, « le mur de séparation » l’incarne parfaitement. Ce mur transforme le site en un paysage carcéral. Il offense, alors, le regard des spectateurs et heurte leur sensibilité.  Il concrétise la fermeture et l’exclusion. Cet ostracisme sème la haine. Il s’agit d’un problème éthique, philosophique et humanitaire, véritable blessure pour la démocratie.

    Le film Omar décrit le drame palestinien sous l’occupation. Il évoque la mémoire collective de ce peuple qui aspire à la liberté. C’est un   beau film à voir.

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