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Les Hommes libres d’Ismaël Ferroukhi

8/10/2011 | Cinéma | 0 commentaires

 

Les Hommes libres
Film français d’Ismaël Ferroukhi avec Tahar Rahim,  Michaël Lonsdale, Mahmoud Shalaby. (2011)

 

(Par Elias Abou-Mansour)

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Dans le film, Les hommes libres, Ismaël Ferroukhi réunit les deux communautés religieuses juive et musulmane considérées par beaucoup comme inconciliables et détruit ainsi de nombreux préjugés et clichés. Alors que le cinéma américain a diabolisé l’image de l’arabo-musulman, ce réalisateur présente ce dernier comme un homme juste ( tsadik en Hébreu, sadiq en arabe). Le film fondé sur des événements historiques réels, des faits véridiques, présente une belle histoire de solidarité. L’immigré maghrébin, souvent considéré comme le fossoyeur de la République, est dans le film un Résistant participant activement à la libération de la France occupée. Le film, Les Hommes libres, rend hommage aux immigrés maghrébins sous l’occupation nazie. Ismaël Ferroukhi montre le rôle joué par les Maghrébins dans la Résistance. Son film, à l’instar de celui de Rachid Bouchareb, Indigènes,  exhume de la Seconde Guerre mondiale, une mémoire musulmane refoulée et méconnue et clame sa reconnaissance. En effet, sous l’occupation nazie, le recteur de la Mosquée de Paris,  joué par Michaël Lonsdale, et des musulmans maghrébins se sont mobilisés pour arracher des Juifs des griffes de la Gestapo.

Les Hommes libres décrit  la vie des immigrés maghrébins sous l’occupation. Il brosse un tableau de leur situation misérable dans la France de Vichy, évoque le marché noir, les arrestations, les rafles, la collaboration. Younés, le personnage principal, emmène le spectateur vers une cour intérieure où sont rassemblés des immigrés arabes démunis et marginalisés. Mais ces hommes côtoient des ouvriers français, militent dans des syndicats et participent à la Résistance.  Ils se forgent donc une conscience prolétarienne. C’est le cas d’Ali, le cousin de Younès, membre actif dans la Résistance qui acquiert une conscience nationale et se révèle être un nationaliste algérien qui pense à l’après guerre et à l’indépendance de son pays.

Toutefois le thème principal du film est la Shoah. Il présente  le Recteur de la Mosquée, Ben Ghabrit,  qui était un humaniste  raffiné, cultivé. Mystique,  épris d’art et de musique, il sauva Salim Halali, un chanteur juif sépharade ainsi que des Juifs traqués par les nazis et la police de Vichy. Une séquence émouvante symbolise de façon magnifique  la solidarité des Musulmans à l’égard des Juifs lorsque l’imam interrompt la prière pour demander aux fidèles de quitter la Mosquée et de se diriger vers la sortie afin que Younès et une fillette juive poursuivis par la Gestapo se fondent dans la masse des croyants et s’enfuient.

Ce film attachant est un message de paix, d’humanité et de générosité. Ismaël Ferroukhi bouscule les clichés et fait tomber les tabous. Sa fiction fondée sur le réel est un jalon vers la paix.

Nous voulons ajouter que la civilisation arabe a connu, jadis, une coexistence pacifique entre les trois communautés juive, chrétienne et musulmane. Et quand Salim Halali chante la musique andalouse (al mouachahat al an’daloussyat en arabe), il fait renaître cette harmonie intercommunautaire d’autrefois. La  mutation de la conception de l’arabo- musulman présentée par Ismaël Ferroukhi coïncide avec les Printemps arabes. Nous pouvons déduire que le monde n’a pas encore sondé la force et la profondeur de ces printemps.

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