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La clé de l’embrouille.

30/12/2014 | Livres | 1 commentaire

La clé de l’embrouille
Annette Lellouche      
A5 Editions (2014)

 

(Par Annie Forest-Abou Mansour)

 

    embrouille_ok.jpgDans La clé de l’embrouille d’Annette Lellouche, le récit suit les pensées et des moments de vie de Dolorès, « fille du distilbène » en mal d’enfants. Très vite, la vie simple de la modeste employée de maison, dépourvue de confiance en elle, se complique. Son destin se conjugue rapidement à celui de « Madame », sa patronne, une romancière, de « Monsieur », le mari de Madame, d’Alain, un « jeune propriétaire (de) Cybercafé » en quête de son identité et d’autres personnages apparemment sans importance majeure mais qui jouent en réalité un rôle déterminant dans l’intrigue. Des rencontres inattendues ont lieu. Des destinées cachant des secrets se croisent. Le roman de vie  ancré dans un  réel  parfois donné de façon poétique (« Les arbres pleurent toute la misère du monde, les murs sont détrempés et le ciel est désespérément taciturne ») devient roman policier. Le suspens s’impose. 
    Sans pathos,  avec humour, la parole est souvent donnée à Dolorès, « jeune femme courageuse qui porte stoïquement son lot de misères »,    contrainte d’abandonner tôt ses études pour faire vivre sa famille : « Dolorès est intelligente, avait annoncé la maîtresse du CM2 à sa mère pour qu’elle continue ses études, au moins aller jusqu’au bac (…) L’intelligence de Dolorès ne faisait pas le poids face à huit bouche à nourrir ! ». La vision parfois naïve de la jeune femme, son langage simple et familier  s’imposent,  plongeant le lecteur dans des tranches de sa vie.  Un des  caractères essentiels de l’intrigue est d’abord l’expérience individuelle unique et réaliste de la jeune femme et de l’univers dans lequel elle évolue. Annette Lellouche peint des milieux sociaux opposés : le milieu modeste des immigrés portugais,  des familles déshéritées des quartiers pauvres de Marseille, la vie aisée mais psychologiquement difficile de « Madame », que Dolorès surprend le « visage bouffi, les yeux rougis » par les larmes.

    Puis l’intrigue soigneusement construite sème progressivement  ça et là quelques touches de mystère. Des questions oratoires finissent par troubler le lecteur : « qu’est-ce qui se trame dans cette maison ? », « Dolorès sent que quelque chose cloche, mais quoi ? ». Des phrases au premier abord innocentes constituent en réalité des indices subtiles : « C’est sa mère qui lui avait parlé de cette place ». Des digressions, des mots à première vue anodins, des personnages insignifiants révèlent à la relecture que tout a été savamment planifié par l’écrivain. L’angoisse, le suspens, la violence, (« Alain est au sol, ensanglanté. Des entailles au visage, sur les bras, aux jambes. Sa chemise et son pantalon sont déchirés, presque arrachés »)  l’émotion   montent progressivement. Et enfin tout se termine bien. La morale, les valeurs, le bonheur finissent par triompher comme toujours chez Annette Lellouche. L’existence, malgré ses difficultés toujours surmontables et surmontées,  est belle et mérite d’être vécue. L’espoir et la Vie dominent concrétisée par la naissance d’Aimée au prénom symbolique.

 

Du même auteur :

Gustave.(2012) : http://lecritoiredesmuses.hautetfort.com/archive/2013/04/29/gustave.html

Lettre à pépé Charles (2013) :   http://lecritoiredesmuses.hautetfort.com/archive/2013/06/15/lettre-a-pepe-charles.html

Charles et Aurélien  (2013) :       http://lecritoiredesmuses.hautetfort.com/archive/2014/01/11/charles-et-aurelien-5269379.html

1 Commentaire

  1. Annette Lellouche

    Bonjour Chère Annie,
    Merci pour votre belle chronique que vous avez encore une fois si bien menée, détaillant avec sensibilité l’âme de ce roman. Merci de souligner que dans mes romans tout se termine bien, d’autant que une fois de plus, c’est un « fragment de vie » vécu par Dolorès (j’ai juste changé son prénom) et la fin est bien réelle, c’est un chant d’espoir pour toutes celles qui souffrent encore aujourd’hui…
    Bonne année 2015, bonheur, santé et réussite… et encore plein de vos belles chroniques, nous avons besoin de vous ! MERCI. Je vous embrasse. Annette