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James Skar. La quête du pouvoir

22/12/2019 | Livres jeunesse | 0 commentaires

Jean Emile Seyne

James Skar
La quête du pouvoir

Editions Baudelaire (2019)

 

 

 

 

(Par Annie Forest-Abou Mansour)

 

 

 

La galaxie Shepèsienne

 

Image James Skar.jpgJames Skar. La quête du pouvoir de Jean Emile Seyne emporte le lecteur dans un ailleurs surprenant, dépaysant, inattendu, loin, très loin de son univers habituel et quotidien, loin de son mode de vie, de ses codes, renversant ses horizons d’attente, tricotant l’invisible et le tangible, le rêve, l’imaginaire et la réalité, faisant éclater le rationnel dans un maelstrom épique et fantastique d’actions, de combats, de luttes. Il l’embarque dans la vie et les aventures de deux frères James et Weill Skar, âgés de vingt et un et vingt trois ans, vivant avec leurs parents dans « une maison modeste au centre d’un quartier riche », dans une ville aux « multiples gratte-ciel qui mélangent des structures de pierre, de métal et de verre », appartenant à l’une des « trente-quatre planètes habitées, dans la galaxie Shepèsienne ».

 

La vie dans la galaxie Shepèsienne

 

Ces jeunes gens mènent une vie tranquille semblable à celle des garçons de leur âge. Dans leur société, tout jeune, à partir de vingt ans, « voit apparaître un pouvoir en lui (…) de la télépathie, de la téléportation, du mentalisme ou bien d’autres ». A sa majorité, une puce d’identité est implantée dans sa colonne vertébrale. Cette puce « stocke (….) les données administratives, médicales, bancaires ainsi que des événements mémoriels (…)» de son porteur. La carte d’identité ou l’argent sont inutiles : « la puce fait tout ». Mais elle permet aussi de localiser la personne maintenue sous une surveillance constante, de savoir à tout moment ce qu’elle fait. « La puce est un traceur visible sur les réseaux gouvernementaux ». La vie privée, la liberté sont remises en question dans ce cosmos totalitaire.

 

« Un sans pouvoir »

 

Or James personnage rêveur, altruiste (« Comme toujours, il ne pense pas à lui. Le sort de son entourage pour lui est plus précieux »), pas très satisfait de sa vie peu « épanouissante », à sa grande inquiétude, n’est doté d’aucun pouvoir, ce qui sera découvert lorsqu’il effectuera son service militaire. Situation absurde, impensable et impossible dans son univers : « Ne pas avoir de pouvoir est un phénomène qui n’a jamais été expérimenté dans ce monde. Sans cela, il n’y a pas d’existence dans les codes des sociétés gouvernementales ». Il est différent dans un monde où la différence n’est pas tolérée : « James est considéré comme dangereux (…) par le simple fait qu’il doit représenter quelque chose de différent d’un Shepèsien ».

Son avenir étant en jeu, il est impératif que son état devienne conforme à celui imposé sur sa planète. Les démarches entreprises pour régulariser son statut mettent sa famille en danger. Leur vie bascule. Ils doivent fuir. Pour être aidés, il faut retrouver Gus, un homme venant « des mondes libres ». Lors de leur fuite, ils découvrent avec surprise un monde passé et présent qu’ils ignoraient. Les sociétés disparues possédaient des technologies beaucoup plus avancées que la leur : « C’est déroutant d’imaginer qu’il y avait des technologies plus avancées il y a un demi-millénaire ». Ils vivent alors de nombreuses aventures dangereuses, rencontrent des entités, des humanoïdes, des êtres hybrides, des personnes mi-humaines, mi-machines (« La mystérieuse femme fait apparaître une armure sur elle avec des lames de combat greffées aux avant-bras. De grandes ailes noires se développent en un clin d’oeil à distance de son dos »), évoluent dans des lieux incroyables, des mondes alternatifs, parallèles … James connaît alors enfin ses origines et tous les secrets qui les entourent. Le lecteur comprend progressivement avec lui en quoi consiste « la quête du pouvoir », titre de l’ouvrage.

 

La littérature fantastique, la science fiction, la « fantasy 

 

Dans James Skar. La quête du pouvoir, des êtres évoluent dans des temps et des espaces fictifs où interviennent des technologies ultra sophistiquées. Jean Emile Seyve fait exister par la magie des mots ce qui n’existe pas : des univers, des planètes, des sociétés, des modes de vie, de pensée, d’action. Les êtres sont entraînés dans un tourbillon d’événements bruyants, ébouriffants. Des éclairs détruisent tout sur leur passage. Des trains progressent « jusqu’à mille kilomètres à l’heure ». Des avions animalisés suggèrent la rapidité, l’étrangeté, la menace, concrétisant l’angoisse ressentie dans cet univers hors norme où les machines s’imposent, thème obsédant de la littérature fantastique, de la science fiction, de la « fantasy »  : « Il a juste le temps de voir l’appareil se poser dans la cour. Le grand aigle au ventre imposant plie ses ailes avant de toucher le sol. Le feu des quatre bras moteurs ne manque pas de carboniser à moitié du jardin ». La vitesse devient une arme avec Carry, « la déesse de la vitesse ». De véritables combats de titans se déroulent sous les yeux du lecteur. La prolifération des verbes d’action, de mouvement, les tournures emphatiques, les adjectifs et les comparaisons hyperboliques, (« L’approche est époustouflante », « une vitesse fulgurante », « l’appareil traverse les kilomètres comme une météorite »), les énumérations concrétisent l’impression de vélocité, de violence, de force, de puissance des combats épiques et donnent un tempo dynamique au texte, une sensation de précipitation, de célérité.

 

Un véritable jeu vidéo

 

James Skar. La quête du pouvoir, un ouvrage doté d’illustrations en noir et blanc donnant à voir ces univers fantastiques, ses machines, ses personnages, ressemble à un film, à un jeu vidéo : « Il a l’impression de se retrouver dans un jeu en voyant toutes les lumières des tirs filer dans le brouillard ». Le dernier chapitre ne s’intitule-t-il pas « Fin de partie » ? Le mystère, le suspens, les rebondissements, les retournements de situations, des êtres surnaturels, fabuleux, l’abolition des frontières entre le réel et l’imaginaire qui font vibrer le roman passionneront les adolescents et les jeunes.

 

 

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