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Ilû, l’homme venu de nulle part : L’homme naturel

23/04/2009 | Livres | 0 commentaires

 

Ilû, l’homme venu de nulle part

Pierre Barthe

VLB éditeur, 2008

 

(par Annie Forest-Abou Mansour)

 

 

 

Pierre Bailu.gifrthe, dans son premier et très beau roman à l’écriture limpide et imagée (« Hiver » se dit « long ue neige », la marmotte est « le siffleux » pour les hommes préhistoriques), nous fait vivre, pendant pl us de six cents pages, la vie, telle qu’il l’imagine, de nos lointains ancêtres d’il y a 35000 ans. Nous suivons avec angoisse ou ravissement Ilû – devenu amnésique à la suite d’une terrible agression – et ses amis du clan-des-Hommes-Vrais dans des lieux hostiles et glacés aujourd’hui enfouis sous les mers de  Tchoukotka et de Béring.

Cette fiction dépaysante se fonde sur le réel : les lieux où se déroule l’action, les animaux rencontrés (le renne, le pi ca…), les armes utilisées pour la chasse (lance-pierres, sagaies…) ont existé. Dans cet univers rude et  le plus souvent hostile régi par des puissances  surnaturelles, le clan qui sauve puis adopte Ilû, « n’(a) pas de chef absolu, pas plus qu’un conseil de sages ou de décideurs spécialement nommés ou élus par ses membres.  Chacun (est) libre de ses décisions, de sa façon de vivre, de sa collaboration ou non au succès du clan. Mais il (est) dans la tradition la plus ancienne et la plus solidement ancrée dans les mœurs à la fois de contribuer à la prospérité du groupe et d’en tirer profit. (…) Aucun loi ou règle formelle ne venait entraver la vie, dure certes, mais simple et libre, de ces gens pleinement heureux ; seulement quelques conventions entre eux et de solides traditions ». L’absence de hiérarchisation de l’organisation sociale de leur vie communautaire, le mode de vie innocent et authentique, loin du confort et du superflu, sont autant de leçons de tolérance et de savoir vivre. Ces êtres simples, qui vivent de la chasse et de la cueillette de plantes, sont solidaires, à l’écoute des autres. Ils rappellent  le mythique « bon sauvage » rousseauiste vivant dans un milieu naturel pas encore détérioré par la civilisation et sa technologie galopante. Mais l’utopie n’est pas totale puisqu’Ilû a subi une agression de la part  d’êtres cruels, paresseux et dominateurs auxquels il se heurtera de nouveau au cours de son dernier périple.

C’est avec un immense plaisir que nous accompagnons tous les personnages attachants d’Ilû, l’homme venu de nulle part dans leurs aventures et leur quotidien où règnent l’amour et le sens des valeurs. Ce livre nous prouve – si besoin est – que ce ne sont pas le clinquant et l’avoir qui constituent l’être.

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