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Etre ou ne pas Hêtre

17/03/2015 | Non classé | 0 commentaires

Etre ou ne pas Hêtre
Frédérique Elbaz
Illustrations La Wawä        
Les éditions du Mercredi (2014)

 

(Par Annie Forest-Abou Mansour)

 

    image Hêtre.jpgEtre ou ne pas Hêtre de Frédérique Elbaz est un charmant petit ouvrage aux douces pages de papier cartonné glacé destiné à un lectorat enfantin. L’historiette mâtinée de fantaisie et de merveilleux entraîne le lecteur sur les pas d’une fillette, au prénom symbolique,  Philomène.  Au lieu de se rendre directement à l’école Philomène « fai(t) un détour par la forêt » et à sa grande surprise entre en conversation avec un hêtre, apparemment bien naïf car « il vi(t) loin loin dans les bois, là où peu d’humains s’aventu(ent). Comme il n’a (…) jamais quitté la forêt, il ne sa(i)t rien des hommes ». L’arbre  pose alors à la petite fille de nombreuses questions fondées au début sur des quiproquos dus à l’homonymie de  certains substantifs : « je ne suis pas un arbre, je suis un être répondit Philomène. / – C’est bien ce que je dis, rétorqua l’arbre, toi aussi tu es un hêtre »  ou   « Elle dut alors expliquer au hêtre qui n’était pas un être qu’elle était un être qui n’était pas un hêtre ».  La narratrice joue avec les mots (« L’être humain est un être qui se distingue des autres par sa raison. / -Tu veux dire que vous les êtres humains, vous avez toujours raison ? s’étonna l’arbre. »),  les figures de style comme la paronomase, (c’est vraiment philoménal »),  colorant d’humour son récit.

     Très vite la conversation entre l’arbre et l’enfant s’inscrit dans un registre philosophique déjà suggéré, clin d’oeil malicieux de la narratrice,  par le titre. Les questions soulevées par l’arbre poussent Philomène à donner les définitions de l’Homme, de la vie, « des lumières de la connaissance ».     
    Le détour de Philomène par la forêt prouve que la fillette grandit, devient autonome, fait des choix, réfléchit sur le sens de la vie. L’école n’est qu’un tremplin à l’apprentissage. Les expériences de l’existence  aident à progresser : « Les questions de son institutrice étaient finalement beaucoup plus simples ». Les dessins  de l’illustratrice, La Wawä,  aux couleurs vives et joyeuses  sur texture cartonnée marron clair, rappelant le bois, le hêtre,   donnent à voir une fillette dotée d’une grosse tête et d’un petit corps concrétisation de l’enfant qui grandit,  passant  progressivement du stade de bébé à celui de pré adolescent puis d’adolescent pour devenir  l’être qu’il est fondamentalement comme le suggère une des citations placée à la fin de l’ouvrage : « Tu dois devenir l’homme que tu es » (Nietzsche)

    Etre ou ne pas Hêtre  propose les observations d’une fillette sous tendues de réflexions philosophiques  ponctuées  de l’humour et  de la sensibilité  de la narratrice : «  Avec notre  tristesse et nos peines, on écrit des poèmes ou des histoires qu’on met dans des livres ». Aidé par  les explications de ses parents, le petit lecteur ne pourra qu’être séduit par  cette charmante histoire qui l’introduira dans l’univers des grands.       
   

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