Croisière mouvementée aux Antilles
Martine Gingreau-Richert
Les 3 colonnes (2022)
(Par Annie Forest-Abou Mansour)
L’évasion vers un ailleurs exotique
La jaquette colorée et lumineuse de l’ouvrage Croisière mouvementée aux Antilles de Martine Gingreau-Richert appelle d’emblée l’attention d’un lectorat avide d’évasion. Le cliché, et tout l’imaginaire qu’il véhicule, des palmiers, de la plage, de la mer bleue sur laquelle vogue un lointain paquebot l’invitent à l’insouciance, au voyage et au rêve, de même que le récit l’embarque dans un univers romanesque exotique, chargé de mystère. Une lecture légère, un moment de délassement, un moment d’oubli des soucis pour le lecteur et pour les croisiéristes donnés à voir dans le récit.
L’oubli du quotidien
Julien Lespinasse, capitaine de police, et son épouse Alix quittent « l’aéroport d’Orly sud pour rejoindre Pointe-à-Pitre en Guadeloupe » avant d’embarquer sur un paquebot pour une croisière de détente et de plaisir et permettre à Julien, qui n’a pas pris de vacances depuis longtemps, d’oublier son travail : « Alix avait retenu cette croisière pour lui permettre de se reposer et de libérer son esprit ».
Dans l’univers clos du paquebot, le jeune couple rencontre diverses personnes « reflet de la société » : un microcosme composé d’êtres plus ou moins sympathiques. Les personnages présentés dans de rapides tableaux sont brossés à traits précis avec leurs caractéristiques propres : Julien, grillant cigarettes sur cigarettes (« il fumait une cigarette sur le balcon », « Julien sortit dans la cour pour fumer une cigarette », « Julien fumait sa cigarette tranquillement à l’ombre d’un flamboyant »….), Alix, l’amoureuse des vieille pierres, le râleur, « un homme très grand au faciès anguleux et aux cheveux blancs, l’air bourru », le steward Marsoul et son perpétuel sourire, « la joie de vivre incarnée »…Tous se soustraient au quotidien le temps de la traversée et d’excursions paradisiaques («Ils étaient enchantés par tout ce qu’ils voyaient (…) Ils étaient au paradis »), d’escales pittoresques : « Ils prirent un bus pour faire le tour de l’île, visitèrent une maison de planteur bordée d’hibiscus rouges. Découvrirent une plage de sable blond au fond d’une baie turquoise (…) ». Le lecteur découvre dans des insertions descriptives, aux couleurs franches et vives, un ailleurs ensoleillé, une nature exubérante, (« des flamboyants rouges, orangers et jaunes éclaboussaient de leurs couleurs vives le tapis vert des champs. Des haies d’alpinias roses ou rouges, et quelques pieds de rose de porcelaine formaient une clôture naturelle multicolore autour des maisons et dans certains jardins on pouvait apercevoir des frangipaniers à fleurs jaunes ») faisant naître en lui des sentiments d’exaltation, de joie, de liberté.
Un meurtre surprenant
Mais un meurtre vient troubler et perturber ce délicieux temps de rupture du quotidien. Madame Thomson, la riche et aimable veuve qui rappelait à Alix sa tendre grand-mère, est retrouvée assassinée dans sa cabine alors que tout est bien sécurisé. Qui a pu pénétrer dans la chambre hermétique de la vieille dame ?
L’esprit d’investigation de Julien, ravi de ne pas avoir à s’occuper pour une fois d’une enquête concernant un meurtre, se met cependant aussitôt en branle. Il saisit d’emblée des indices : «Il avait mentalement photographié les lieux par réflexe »… Et à sa grande surprise, parmi les gendarmes envoyés sur le navire, il retrouve un copain d’université, Marc, qui, à l’époque, tandis qu’il passait le concours d’officier de police, « passait le même concours dans la gendarmerie ». Marc, heureux de le revoir, profite de l’aubaine et sollicite l’aide de Julien pour résoudre l’énigme : « Mais j’y pense, tu étais à la Crim avant, maintenant que tu es à l’OCRB tu as la compétence sur tout le territoire national, tu pourrais m’aider, qu’en penses-tu ? ». L’enquête démarre alors. Les enquêteurs vérifient les alibis, reconstituent les emplois du temps des membres du personnel et des passagers. Le suspense s’impose créant toute une tension narrative réjouissant les amateurs de romans policiers.
Une lecture pour le plaisir
Dans un récit linéaire au point de vue externe différents indices et renseignements sont présentés au fur et à mesure de l’avancée d’une enquête aux divers rebondissements. La solution apportée à la fin de l’ouvrage comme il se doit dans un roman policier traditionnel recèle quelques surprises. Le coupable et ses complices n’ont rien de sordides criminels. Ce sont de simples citoyens bien inoffensifs à première vue.
Croisière mouvementée aux Antilles, à l’intrigue et à l’écriture claires et simples, sans prétention, agréable et facile à lire, est un roman d’évasion qui offre de surcroît, au fil des promenades des protagonistes, une documentation succincte sur l’univers culinaire et les paysages antillais. Une plongée exotique dépaysante et reposante pour des vacances estivales
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