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Un voyage unique

3/11/2004 | Livres | 0 commentaires

Ayal, une année en mongolie
Lina Gardelle

Gaïa, 2004

(par Annie Forest-Abou Mansour)

ayal3.jpgLa lecture prodigue un plaisir fécond et subtil. Le livre objet – la beauté de sa couverture, la douceur de son papier, son odeur – participent à ce plaisir. La matérialité du livre Ayal, la couleur nacarat de ses pages, les photographies, constituent une composante importante de l’écriture fraîche et pure de Linda Gardelle. En effet, avant de pénétrer à l’intérieur de ce carnet de voyage, le lecteur s’envole déjà vers un ailleurs magique plein de fraîcheur et de charme, simplement en feuilletant l’ouvrage, en regardant les paysages oniriques de Mongolie, le sourire adorable et innocent de ses enfants.

Linda Gardelle, âgée de dix huit ans, est partie, seule, en Mongolie, pour y séjourner une année afin de vivre pleinement la culture de ce pays, d’en connaître et d’en comprendre les habitants avec lesquels elle s’est très vite liée d’amitié. La découverte de ce milieu naturel et humain l’a rapidement charmée : « Je suis éblouie par la paix et la poésie qui émane de l’atmosphère ». Elle apprécie la chaleur des êtres, leur hospitalité, leur solidarité, leur simplicité, leur véracité. Dans les steppes, sous leur yourte, ils ne portent pas de masque comme les habitants des pays aisés et soit disant modernes…

Ouverte, tolérante, véritable citoyenne du monde, Linda s’adapte aux coutumes ancestrales de la Mongolie. « Elle est vraiment devenue Mongole. Elle est capable de vivre en Mongolie » s’exclament souvent les autochtones. Elle s’intègre dans ce milieu rude, au climat hostile («Une épaisse croûte de neige m’enveloppait et mon écharpe gelée me brûlait le visage »). Elle accepte et respecte la différence, avalant sans un mot son premier petit déjeuner sous une yourte, « un œil froid, cuit depuis dix jours ». Objective, elle perçoit les qualités, mais aussi les défauts du peuple mongol, l’alcoolisme, l’oisiveté, le vol. Elle ne les occulte pas et dit sa déception.

Cette année vécue en Mongolie recèle une intensité ineffable pour elle : « Je restais persuadée que je ne pourrais raconter à personne les aventures, les joies, les moments de bonheur, les craintes, les peurs, les tristesses, les rêves qui m’avaient portée, abattue, relevée, écrasée, envolée. Je gardais ce monde à l’intérieur de moi, comme un secret, comme un trésor, comme un vieux parchemin impossible à décoder par des gens d’un autre univers. ». Pourtant, Linda Gardelle réussit à communiquer au lecteur toutes ses émotions, ses sensations uniques et extraordinaires éprouvées dans ce monde fascinant et féerique.

Une fois rentrée chez elle, elle ne peut que se sentir « agressée, attaquée » par la vie facile, active, superficielle de la France. Son livre est un véritable hymne à la vie simple et naturelle loin des artifices de la civilisation dite moderne.

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