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Anna ou la première oeuvre

14/04/2004 | Livres | 0 commentaires

Anna ou la première oeuvre
Martine Magris
Gaspard Nocturne, 2003

(par Annie Forest-Abou Mansour)

anna.JPGAnna ou la première oeuvre de Martine Magris est un récit lyrique bref et déroutant, une prose poétique à plusieurs voix. Ces voix donnent à entendre au lecteur trois narratrices : Pauline, Anna, l’écrivain. Toutes trois suivent le flux de leur pensée, le souffle de leur imagination, l’éclat de leur souffrance et de leur joie. Anna ou la première oeuvre est le récit énigmatique d’une double création charnelle et imaginaire, douloureuse et magique : celle d’une enfant et celle d’un livre.

Ce roman aux multiples connotations et références religieuses parle de l’amour : l’amour d’une femme pour un homme, d’une mère pour son enfant. Il s’agit d’un amour sublime, «transcendant», sensuel et déculpabilisé. «Etre amour soi-même. De la pointe des seins jusqu’aux ailes de l’âme. Anna réconciliera le ciel et la terre».

Anna, don de l’homme et du ciel, l’enfant au nom palindrome «rond, fermé (…) inviolable», n’a jamais connu son père, «ce mage, … cet archange », cet absent qui emplit ses rêves et sa vie, et pour lequel elle écrit.

 Pauline, la mère, une femme lumineuse, à l’instinct maternel pur et charnel rappelle Déméter, la déesse de la fertilité, de la terre, aspiration à la transcendance et symbole des désirs terrestres justifiés. Elle est la femme « qui délivre lorsqu’elle aime ». Elle délivre la vie, elle donne la vie, et elle délivre l’homme « qui voulait vivre en refusant la mort, en repoussant l’amour ».

Ce petit ouvrage, de soixante dix neuf pages, sans grande prétention, à la sensibilité esthétique et charnelle, raconte avec une écriture poétique et vibrante, le triomphe de l’espoir, de l’amour, de la vie sur la mort.

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