Amour
Fim de Michael Haneke (2012)
Avec Jean-Louis Trintignant, Emmanuelle Riva, Isabelle Huppert
(Par Annie Forest-Abou Mansour)
Au début du XXe siècle, l’être humain vivait moins longtemps. On voyait peu sa dégradation. Désormais, à la faveur des progrès médicaux et scientifiques, la vie est prolongée. Malheureusement l’état physique et cognitif des êtres humains ne suit pas toujours. Les regards rieurs et pétillants des grands-mères des années cinquante s’éloignent, remplacés par les regards vides et tristes de loques de chair affaissées dans des fauteuils roulants.
Michael Haneke, dans Amour, donne à voir, sans pathos, avec recul, cette sombre réalité en filmant les derniers instants d’un vieux couple Anne et Georges. Suite à un AVC, Anne, ancienne professeure de musique cultivée, dynamique, sombre progressivement dans la déchéance physique. Son mari l’accompagne avec dévouement et amour.
Amour fait évoluer le spectateur dans un huis clos mortifère. Il aborde les grands thèmes universels de la vie, de l’amour, de la vieillesse, de la mort et l’implacable processus de destruction de l’existence. Michael Haneke reste dans le constat et filme avec objectivité la fin de vie dans ses moindres détails : la lente et inexorable dégénérescence du corps, son engourdissement croissant, l’incontinence, la patience et la souffrance de l’entourage, son exaspération explosive subite malgré l’intensité de l’amour.
La lenteur du film, ses plans fixes, ses temps de silence concrétisent la lenteur du temps vécu par les personnes très âgées démunies et fragilisées.
Amour est un film réaliste dépourvu de toute mièvrerie et de tout sentimentalisme. Seule la capture du pigeon, allégorie de la liberté et de la joie de vivre assassinée, concrétise de façon émouvante la mélancolie et le tragique de la fin de vie.
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