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39-45. Témoignages, Rhône, Ain, Jura et région

30/11/2012 | Non classé | 0 commentaires

 

 

39-45. Témoignages, Rhône, Ain, Jura et région.        
Le Progrès        
(Novembre 2012)

 

 

 

(Par Annie Forest-Abou Mansour)

 

 

 

    couv-Une-Progres_m.jpgIl est important d’appeler l’attention des lecteurs du  Progrès   sur la parution à une date  symbolique, en  novembre 2012, du  hors-série 39-45.
    
En effet, le 12 novembre 1942, le journal, qui résistait au mensonge imposé depuis le début de la guerre, refuse de publier un communiqué dicté par le gouvernement de Vichy. « La Direction décide de saborder le journal ». « La Milice s’empare alors des bureaux (…) et essaie de lancer un Progrès nouvelle formule. Aucun journaliste ne mord à l’hameçon ». Le Progrès  rejette  la collaboration, la propagande vichyssoise et nazie. Plus éloquent par son silence que par ses écrits dans cette période où la langue de Vichy est caractérisée par la confusion idéologique et la perversion des valeurs,  Le Progrès  s’oppose à la corruption des esprits. Son sabordage  est un cri silencieux lancé dans une France qui perdait sa liberté politique, morale, intellectuelle. 
    Par devoir de fidélité et de mémoire, le hors-série 39-45 raconte par ordre chronologique les événements de cette sombre époque : la déclaration de guerre, l’exode, la zone libre et la zone occupée… puis la libération… Il réunit des personnes  très diverses, survivantes,  témoins et/ou actrices  de la Seconde Guerre Mondiale et  propose  leurs  témoignages personnels et émouvants donné dans un style simple, dépourvu d’emphase, mais pas forcément d’humour. René Morel encore taquin explique  que « Dès qu’il y avait une alerte, l’institutrice nous mettait en rang (…)  Mais vu qu’elle n’avait pas de bonnes oreilles, certains s’amusaient à imiter le bruit de la sirène pour pourvoir sécher les cours de mathématiques ».  Le hors-série du Progrès met en scène des enfants privés de leur enfance : « Jacky igolen se décrit comme un enfant dans la guerre, un ‘enfant traqué’, et il parle de cette ‘enfance qu’il n’a jamais eue’ ». Cette revue  donne à voir  des adolescents, de jeunes adultes plongés dans l’horreur de la guerre et de l’occupation, des restrictions, du froid, de la faim, de la peur,  de l’humiliation (« lorsque Janine Hanau a dû porter l’étoile jaune, elle « a (…) pleuré et (s’est) sentie marquée comme une bête »).  Mais aussi 39-45 souligne   l’enthousiasme de la solidarité, de la fraternité, de la lutte, de la résistance  naturelle aux yeux de  ces héros qui ignoraient l’être. Il révèle le courage de femmes comme Léa, maquisarde, agent de liaison ou de  Germaine Bernardi infirmière des maquisards.       
    39-45  donne la parole à deux cent  témoins et réactive des événements historiques oubliés ou même inconnus du grand public par des témoignages ressurgis du passé, restituant, dans toute sa force émotionnelle, l’époque révolue d’hommes et de femmes, souvent simples mais pleins de courage qui minimisent leurs actes héroïques. Permettre  à des êtres valeureux, qui ont lutté de façon souterraine, loin du sensationnel,   d’échapper ainsi à l’anonymat est une façon de les reconnaître et de  les récompenser. Le Progrès fait en sorte que le souvenir de ceux qui sont morts et qui ont souffert ne disparaissent pas. Comme l’expliquent René Lanfranc, résistant dès 1943, « Il faut qu’on sache tout ce qui s’est passé à cette époque. Ce ne sont que des parenthèses, mais c’est important »,   Micheline Guyon : « Les gens ne doivent pas oublier ce qui s’est passé » ou Andrée Aime : « ne pas témoigner serait trahir ».  Le traumatisme de cette guerre est ancré en eux à jamais : Aimée Meyer, « chaque fois qu’elle (…) parle fait des cauchemars ». Ce passé, intensément présent dans leur mémoire et dans leur chair, ressurgit constamment : « Du haut de ses 90 ans,  (Claudius Linossier) raconte comme si c’était hier ».Tous ces hommes et ces femmes témoignent aussi pour les jeunes générations : « Vous ne pouvez pas savoir  le bonheur que vous avez » lance Henri Malissier aux adolescents  du XXIe siècle.    
     Ce reportage sérieux plein de force et d’intensité, aux nombreux documents iconographiques,  présenté dans un magnifique ouvrage au papier glacé esthétique et doux au toucher, montre que l’homme est capable du pire,  torturer, s’enrichir à la faveur de la guerre, mais aussi et surtout du meilleur. Ces résistants simples ou célèbres qui n’ont pas parlé sous la torture sont une réaffirmation de l’Humain.  La petite histoire révèle, dans cet ouvrage, l’Histoire.                                                                                                                                                                                                                                       

 

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